Du Domaine Des Boule Rott

Du Domaine Des Boule Rott Bouledogue français

Bouledogue français

Origines de nos boulis et boulettes

Le Bouledogue Français est apparu au milieu du 19e siècle dans la
région parisienne ; c’est d’ailleurs la seule race originaire de Paris.

Au 19e siècle, les bouchers parisiens étaient
accompagnés de doguins, race de petit dogue disparue de nos jours. Les
bouchers avaient traditionnellement pour compagnon le dogue, et cela
depuis le Moyen Âge.


Le dogue évolua au cours des siècles, et
certains individus perdirent de la taille, c’est ce dogue de petite
taille que l’on appelait doguin, on pourrait voir en fait un doguin
moderne dans le Boxer.


Afin de suivre la mode, ces bouchers
achetèrent des Bulldogs anglais de petite taille. Précisons que cette
importation de Bulldogs a commencé dès la fin du 18e siècle. Ces
Bulldogs anglais étaient très différents du type actuel, beaucoup moins
lourds, moins massifs, plus haut sur pattes, ils étaient plus proche du
doguin que du Bulldog d’aujourd’hui.


Les combats de chiens étaient des
divertissements très appréciés à l’époque, et dans les faubourgs
parisiens beaucoup de bouchers, de cochers, de commerçants, d’ouvriers,
et il faut bien le dire de mauvais garçons, possédaient un chien de
combat. Ces Bulldogs n’étaient pas d’un caractère facile, comme nous
le montre une lettre adressée à Benjamin Franklin, président des
Etats-Unis, par l’abbé Morellet et datée du 30 octobre 1785.


« Le Bull-dog
que votre petit-fils nous a amené d’Angleterre, est devenu insupportable
et même méchant ; il a encore mordu l’abbé de Laroche, et nous fait
entrevoir une férocité vraiment inquiétante. Nous n’avons pas encore
déterminé sa maîtresse à l’envoyer au combat du taureau, ou à le faire
noyer, mais nous y travaillons. »


Un peu plus tard, en 1841, Théophile Deyeux, s’adressant aux chasseurs au marais, écrit :


« Mais tout à coup une famille de
sans-culottes, qu’on appelle des grenouilleurs, plongent leurs
mannequins sous les joncs, pendant qu’un chien de boucher, préposé à
leur conservation, menace la vôtre, après avoir croqué les reins de
votre compagnon de chasse ; et vous apprenez par ces industriels
qu’alors même que vous auriez été flanqué de quatre chiens, Turc, l’un
des meilleurs élèves de la barrière du combat, les auraient dévorés. »


Cette anecdote est extraite des annales modernes des environs de Paris.


Pour les combats, on mettait aux chiens de
larges colliers de cuir, garnis de poil de blaireau. Le collier
protégeait la gorge du chien et les poils de blaireau piquaient les
narines de l’adversaire.


A la même époque, le chien ratier était très
répandu dans les faubourgs parisiens. Il était surtout prisé des cochers
qui s’en servaient pour débarrasser les écuries des rats. Ce ratier
avait souvent les oreilles droites et la robe bringée. C’est en croisant
ce ratier avec le Bulldog anglais pour avoir un chien de combat plus
petit, que l’on obtint le Bouledogue français. On francisa le nom qui
devint tout naturellement Bouledogue au lieu de Bulldog, comme on avait
fait quatre siècles auparavant, avec dog qui devint dogue, mais les
amateurs disent simplement Boule.


On accentua encore le caractère brachycéphale
de l’animal, à l’aide du Lillois, petit chien du Nord de la France,
aujourd’hui disparu et issu du Carlin. En 1856, Bonnardot écrivait
à propos du Carlin :


« Je me souviens d’avoir vu dans mon enfance,
entre 1812 et 1816, chez de vénérables dames antirévoluttionnaires,
quelques roquets assez analogue au Carlin, par leur allure hargneuse et
leurs jappements explosifs. C’était sans doute des individus abâtardis
de la vraie race »


Le caractère ratier du Boule ne fait aucun
doute, et il fréquenta assidûment les ratodromes parisiens dans les
années 1870, 1880.


Pendant le siège de 1870, un Bouledogue était
mis à contribution place de l’Hôtel de Ville, où se tenait un marché
aux rats. Les rats sont installés dans une cage d’environ un mètre
carré, lorsque vous avez choisi le rat que vous voulez acheter, le
marchand vous confie une baguette et vous laisse le soin de diriger
celui-ci vers un orifice donnant sur une autre cage contiguë. Dans cette
cage se trouve un Bouledogue dont la fonction est de tuer d’un coup de
gueule le rat concerné afin que vous puissiez emporter votre
marchandise.


Les premiers sujets n’avaient pas toujours les oreilles droites et l’usage était alors de leur couper.


A cette époque, la couleur bringée était la
plus recherchée. Il y eut beaucoup de tâtonnements et d’échecs avant
d’obtenir un bon type de Bouledogue.


De même que les Anglais avaient vendu aux
Parisiens des Bulldogs de second choix, ceux-ci à leur tour vendirent
aux Américains les chiots qui n’étaient pas assez « boule » et pour qui
il n’y avait que deux alternatives, être noyé ou devenir Boston Terrier.


En effet, dans les années 1900, la race eut
un succès extraordinaire dans le pays, ainsi qu’à l’étranger,
Angleterre, Etats-Unis, Allemagne, Autriche, etc. Toutes les grandes
dames de la Belle Epoque voulaient être accompagnées d’un Bouledogue
Français, race pourtant issue des couches les plus pauvres de la
population.


Le Bouledogue Français peut se vanter
d’avoir été le favori des aristocrates, roi d’Angleterre et tsar de
toutes les Russies compris, comme des mauvais garçons.


La race est tellement populaire, que dans le
courrier des lecteurs de l’Acclimatation en 1907, un lecteur s’interroge
sur les qualités d’un Bouledogue à double nez, qu’on lui aurait
« refilé ».


« Un double nez chez un Bouledogue, est une
cause de disqualification. Pour être documenté sur la race, il faut
s’adresser 38 rue des Mathurins, à la Société centrale ; c’est là qu’est
le siège du Club du bouledogue français. Dans une brochure se trouvent
les points de la race, la description des types, et la liste des membres
dont beaucoup sont marchands. La plupart habitent Paris ou les environs
et l’on peut s’instruire vite en allant en visiter quelques-uns.


Le type le plus à la mode est celui qui pèse
environ dix kilos, il a les oreilles droites constamment bien portées,
la queue courte et recroquevillée, la robe bringé foncé sans tache
blanche, et qui ne tire pas la langue, défaut, hélas ! fréquent.


Le prix d’un beau sujet adulte atteint un
chiffre élevé ; il y a des chiens aux Tuileries qui se vendent
couramment cent louis. Notre impartialité nous empêche de donner
des adresses de producteurs, mais dans le catalogue de l’exposition
canine de 1906, avec la liste des récompenses en main, on trouvera
facilement les renseignements complets sur les chenils intéressants. Les
uns appartiennent à des personnes honorables, les autres (et non les
moins primés), à des maquignons dont il est bon de se méfier.


A ce titre, il est indispensable d’acheter
après avoir vu et d’emporter immédiatement le chien acheté. Il ne faut
croire aucun boniment au sujet du port d’oreilles. Un chien qui ne porte
pas les oreilles convenablement étant jeune les portera toujours
médiocrement, quoi qu’on en dise.


Le chien vraiment bien coiffé est celui qui
porte les oreilles correctement, même quand on ne l’excite pas. Comme
les chiens à oreilles chauve-souris ont été croisés autrefois avec les
chiens à oreilles coquilles, il s’en suit qu’on trouve de tout dans les
portées, même de ces oreilles intermédiaires, mi chauve-souris, mi
coquilles, qui enlèvent une grande partie de la valeur aux chiens. Ce
sont ces sujets là que les marchands cherchent à vous vendre en vous
faisant croire que cela s’arrangera »


A l’époque des combats, le chien était
réputé pour ne pas lâcher prise. Son museau aplati lui permettait de
respirer sans lâcher.


Des concours opposés les chiens, on les
suspendait à une barre de bois et celui qui tenait le plus longtemps
gagnait. Une fois, deux parieurs accrochèrent leur chien aux ailes d’un
moulin que l’on fit tourner doucement. Le premier chien lâcha prise,
épuisé. Le second tenait toujours bon. Quand enfin on arrêta le moulin,
on vit qu’il était mort. Les crocs enfoncés dans le bois et la toile du
moulin, il était resté accroché. La pauvre bête était morte
d’épuisement, victime de la bêtise de son maître et de son entêtement à
ne pas lâcher.


Ces concours et ces combats ont aujourd’hui
disparu. En réalité, ils avaient disparu depuis cent ans, mais sont
réapparus il y a quelques années, avec des Pitt Bulls dans le milieu des
voyous nouvelle génération. A Paris, la place du combat, ainsi nommée
parce que les Bouledogues s’y combattaient, mémorisait ces évènements,
ceci jusqu’à la Libération, où elle fut rebaptisée place du colonel
Fabien.


Après avoir connu un immense succès, avec des
Clubs de race dans beaucoup de pays, le Boule se maintint en bonne
place jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Après il devint rare, et même
très rare.


Lorsque j’étais gamin, dans les années
cinquante, en banlieue parisienne, l’épicier avait un Bouledogue
Français. Lorsque je passais devant le jardin de son pavillon en
revenant de l’école, il aboyait en courant derrière sa grille. C’est le
seul Boule que j’ai vu pendant mon enfance.


Il y a vingt ans, j’ai fait l’acquisition de
ma première Boule, une belle femelle caille, d’origine néerlandaise qui
m’a comblé de bonheur. Dans sa quatrième année, je suis monté la faire
saillir chez un grand éleveur néerlandais, car c’était à l’époque le top
de la qualité en Europe.


Ma première Boule s’appelait tout
naturellement Bouboule (dans l’intimité), sa fille devint Mère-Boule, et
sa petite-fille qui a maintenant onze ans et qui ne me quitte jamais
s’appelle Boulette (toujours dans l’intimité), son patronyme officiel
étant Gros Bisous des Saute Ruisseaux.


Si le Bouledogue était rare il y a vingt cinq
ans, quand j’ai commencé à m’intéresser à la race, il est aujourd’hui
commun, et je dois dire que la qualité a énormément progressé.
Aujourd’hui, on n’est plus obligé de monter aux Pays-Bas pour avoir du
bon et du beau. Je me souviens il y a vingt ans, des horreurs que l’on
rencontrait en expositions, et ces chiens étaient primés. Cela fait
plaisir de voir ce chien parisien, à nouveau en haut du tableau.


Le Bouledogue était traditionnellement caille
ou bringé. Depuis quelques années, le fauve a été accepté par le Club
français et je m’en réjouis. Le bringé est souvent noir, et il faut
quelquefois chercher à l’aide d’une loupe, un poil fauve autorisant la
confirmation.


Le Boule a une particularité, il ronfle, cela
ne m’a jamais dérangé, et quoi de plus naturel lorsque l’on dort du
sommeil du juste. C’est un chien vraiment agréable à vivre, et les
Parisiens devraient avoir à cœur de choisir un Boule, un vrai parisien
de souche.


La race est gérée par le « Club du Bouledogue Français ». La SCC a enregistré 1 600 naissances en 2000.